L’année 2016 a été marquée par la disparition des grands noms de la musique anglophone. De David Bowie à Leonard Cohen en passant par Prince, la liste de décès s’est étendue encore plus. Moins d’une semaine avant le nouvel an 2017, George Michael est également parti pour le grand voyage, le jour de Noël et a ainsi rendu plus tragique l’année 2016 pour le monde de la musique. Malgré les causes de sa mort pas encore dévoilées, les succès que le chanteur britannique de « Last Christmas » a connu dans les années 1980 et 1990 sont encore vivants et les gens endeuillés, l’ont commémoré en appréciant de nouveau son hit-parade.
Wham! Star George Michael Dies at 53
Avec le décès des pop stars, il est toujours question de nostalgie : les vieux tubes à la mode occupent alors de nouveau le devant de la scène, sont diffusés à la radio, se font connaître auprès du jeune public. Pour ces derniers, c’est une occasion de découvrir une expérience passée, partagée par la génération de leurs parents. Pour ceux qui ont connu les chansons depuis leur jeunesse, cet état de reviviscence subite est toujours une suspension de la vie quotidienne en faveur d’un regard dans le passé. La voix familière, les mélodies entraînantes et les paroles bien mémorisées, tout cela incarne à présent une mémoire collective située dans le lointain et suscite un sentiment nostalgique commun aux fans du chanteur décédé.
Bien sûr, cette nostalgie est authentique, mais elle n’est pas aussi simple qu’un sentiment pur, intime et totalement dénudé de la manipulation extérieure. Au contraire, un business s’est bien développé autour de ce genre de nostalgie et a profité du « hit-parade des artistes décédés » en 2016. Dans son reportage « Le succès posthume des tubes de George Michael », Adrià Budry Carbó soulignait : « Pour ceux qui exploitent les droits d’auteur des chanteurs décédés, 2016 est justement en passe de devenir une année record ». Le marché de la musique posthume a augmenté avec les décès de David Bowie, Prince et George Michael.
Le journaliste présentait ce phénomène avec des chiffres précis : « Mort en janvier dernier, David Bowie – incarnation du glam rock – entre directement à la 11e place du hit-parade 2016 des célébrités affichant les plus hauts revenus, selon Forbes. Avec 10,5 millions de dollars, le Britannique a néanmoins fait moins bien que Prince – décédé en avril –, cinquième avec ses 25 millions de dollars. » Quant à George Michael, le journaliste le décrivait comme « une véritable mine d’or » qui a « le potentiel pour rejoindre le panthéon des artistes les plus rentables. » Sans nulle doute, la disparition des grands chanteurs provoque un sentiment authentique chez les fans mais favorise aussi la production de capital dans l’industrie du spectacle.
World Mourns Death of Icon David Bowie
En plus de continuer à briller sur le marché de la musique, les étoiles éteintes subsistent sous forme de traces profondes dans la culture de masse. Les jours suivant la mort de George Michael, il y a des tweets racontant le travail de charité que le chanteur britannique a effectué en privé pendant des années. Toutes ces petites histoires partagées sur internet sont pleine de contradiction avec l’image de George Michael donnée par les médias suite à son arrestation pour « avoir commis un acte obscène » dans un toilette publique en 1998. Ce contraste nous montre le danger qu’une seule histoire souvent va avec le prix de la honte. Pour ceux qui aimeraient en savoir plus sur ces sujets interessants, voici deux vidéos.
I. The danger of a single story by Chimamanda Ngozi
II. The price of shame by Monica Lewinsky